Accueil MÉDECINE INTÉGRALE LE MAL DE VENTRE LE MAL DE VENTRE On touche ici à la solitude clinique du médecin face à une plainte aussi fréquente que floue : “J’ai mal au ventre.”C’est à la fois un motif banal… et l’entrée dans une zone grise, où la médecine symptomatique touche vite ses limites, et où l’absence de“trouble visible” devient presque un verdict d’échec. Que doit faire un médecin face à un mal de ventre ? Voici une réponse structurée, qui pourrait même devenir un article de fond pour votre blog ou une introduction à un module de formation. 1. D’abord : refuser la précipitation ou le “tout est dans la tête” Un patient qui a mal au ventre n’est pas un problème à évacuer, c’est un signal à écouter. ⚠️ Le réflexe fréquent : Écarter les urgences graves (OK, c’est indispensable) Puis, face à des examens normaux → conclure : “C’est nerveux, mangez moins vite, dormez mieux.” Ce discours disqualifie la souffrance et empêche d’interroger le fond : le terrain digestif, l’alimentation, l’environnement, la biologie silencieuse. 2. Écouter au-delà du symptôme : poser un vrai “interrogatoire biologique” Le patient parle de douleur.Le médecin doit traduire en biologie, pas en simple “trouble fonctionnel”.Questions clés à poser : Le terrain : depuis quand ? dès l’enfance ? y a-t-il une atopie, des infections digestives répétées, des épisodes de prise d’antibiotiques ? L’alimentation : sucre, grignotage, plats industriels, laitage ? Le rythme digestif : transit, alternance, ballonnements, fatigue post-prandiale ? Le contexte de vie: stress chronique, sommeil fragmenté, sédentarité, exposition chimique ? Le vécu corporel: ce que le patient ressent réellement dans sa peau, dans ses tissus 3. Chercher là où la médecine classique ne va pas (encore) L’erreur n’est pas de demander une IRM.L’erreur est de croire qu’elle est suffisante.Examens à envisager selon votre approche intégrative : Bilan du microbiote fécal (diversité, flore, mycose, inflammation) Marqueurs inflammatoires de bas grade (CRP ultrasensible, zonuline, LPS, IL-6 si possible) Perméabilité intestinale (I-FABP, lactulose-mannitol, si accessible) Test de tolérances alimentaires différées (IgG4 ou autres, selon méthodologie) Analyse clinique du vécu digestif (journal alimentaire + émotionnel) 4. Expliquer au patient que son mal est réel — même si les examens sont “normaux” Ce qui est “invisible” pour la machine est souvent lisible par le médecin attentif.Vous le savez : la dysbiose, l’hypersensibilité viscérale, la neuroinflammation digestive, la fermentation excessive ne se voient pas à lacoloscopie.Mais elles existent.Et elles expliquent l’immense majorité des douleurs digestives dites “fonctionnelles”. 5. Proposer une prise en charge progressive et logique (ex : DSRR) C’est ici que votre protocole prend tout son sens.Ne pas viser la suppression du symptôme, mais la réparation du terrain. Exemple de séquence proposée au patient : Phase d’apaisement (réduction des sucres, produits laitiers, Fodmaps selon tolérance) Soutien du microbiote et du foie (fibres, plantes, bouillons, probiotiques adaptés) Réparation de la barrière intestinale (glutamine, zinc, oméga-3) Reprise de la diversité alimentaire et stabilisation métabolique 6. Rassurer sans minimiser : le rôle humain du médecin Enfin, le médecin est là pour accompagner, pas pour “normaliser”.Face à un patient inquiet, douloureux, souvent fatigué par une errance médicale, la phrase qui soigne vraiment est :“Je ne vous dis pas que vous n’avez rien. Je vous dis que vos douleurs ont un sens. Et je vais vous aider à en comprendre la logique.” En résumé : Un médecin face au mal de ventre doit : Éliminer le danger urgent Résister à l’étiquette “nerveux” ou “rien à signaler” Traduire la plainte en biologie fonctionnelle Agir non pas contre la douleur, mais pour le terrain S’inscrire dans une médecine d’accompagnement, d’explication, de réparation