Accueil MÉDECINE INTÉGRALE Maladie d’Alzheimer : une inflammation silencieuse qui commence dans le ventre ? La maladie d’Alzheimer est la première cause de démence dans le monde. Elle est caractérisée par une perte progressive de mémoire, des troubles du langage, de la reconnaissance et de l’orientation. Longtemps considérée comme une pathologie purement cérébrale, de nouvelles données révèlent un lien étroit entre l’intestin, l’inflammation et le développement de cette maladie. Une pathologie silencieuse, inflammatoire et systémique Bien avant les pertes de mémoire, l’organisme subit des modifications profondes : Inflammation chronique de bas grade, Oxydation cellulaire, Altération de la barrière hémato-encéphalique, Dysfonction mitochondriale. Toutes ces perturbations sont favorisées… par une dysbiose intestinale persistante. Le microbiote, acteur méconnu du cerveau Le microbiote intestinal joue un rôle majeur dans la régulation de l’inflammation, la production de neurotransmetteurs (GABA, sérotonine), et la protection du système nerveux. Chez les patients atteints d’Alzheimer, on observe : Une réduction des bactéries anti-inflammatoires (productrices de butyrate), Une prolifération de bactéries pathogènes, Une augmentation des toxines bactériennes (LPS) qui franchissent la barrière intestinale puis cérébrale. Ces toxines contribuent à la formation des plaques amyloïdes et à l’agrégation de la protéine tau dans le cerveau. L’axe intestin-cerveau en première ligne Le dialogue permanent entre l’intestin et le cerveau (via le nerf vague, les cytokines et les métabolites microbiens) joue un rôle clé dans la progression de la maladie d’Alzheimer. Ce lien pourrait expliquer pourquoi les symptômes cognitifs sont précédés de troubles digestifs, anxieux ou dépressifs. Quelle prévention possible ? Une stratégie intégrale peut aider à réduire le risque ou à ralentir la progression : Soutien du microbiote (prébiotiques, probiotiques, postbiotiques), Alimentation anti-inflammatoire (régime méditerranéen, riches en polyphénols), Activité physique et stimulation cognitive, Réduction de l’exposition aux toxines et métaux lourds. Et si la maladie d’Alzheimer n’était pas une fatalité, mais une maladie inflammatoire et intestinale avant d’être cérébrale ? Comprendre et soigner le microbiote, c’est peut-être offrir une chance de préserver la mémoire et la dignité.
Pourquoi une même dysbiose peut-elle entraîner des pathologies différentes ?
Accueil MÉDECINE INTÉGRALE Pourquoi une même dysbiose peut-elle entraîner des pathologies différentes ? Même si Monsieur Dupont et Monsieur Durand présentent tous deux une dysbiose intestinale, la diversité de leurs symptômes et maladies traduit la complexité du microbiote et de ses interactions avec le corps. Le microbiote est un écosystème complexe et unique Chaque personne possède un microbiote unique, façonné par la génétique, l’alimentation, l’environnement, le mode de vie, les médicaments, etc. La dysbiose n’est pas un état unique : elle peut toucher des groupes bactériens différents, entraîner des déséquilibres variés dans la production de métabolites, influencer différemment le système immunitaire. Typologies de dysbiose Plusieurs types de dysbiose peuvent être distingués selon : Le type de déséquilibre bactérien : Dysbiose de surcroissance bactérienne (SIBO), notamment dans l’intestin grêle, avec excès de bactéries normalement présentes en faible nombre. Dysbiose inflammatoire, caractérisée par une dominance de bactéries pro-inflammatoires (ex. : certaines Proteobacteria). Dysbiose de réduction, avec perte importante de bactéries bénéfiques comme les Firmicutes producteurs de butyrate. Dysbiose fonctionnelle, sans changement majeur du microbiote, mais avec altération de ses fonctions métaboliques (production de neurotransmetteurs, vitamines, etc.). Le profil métabolique produit : Certaines favorisent la production de toxines (LPS, triméthylamine), d’autres réduisent la synthèse de métabolites anti-inflammatoires (butyrate, acides gras à chaîne courte). Impact différent selon le terrain génétique et épigénétique Le même déséquilibre microbien peut déclencher : Chez Dupont, une inflammation chronique ciblant le pancréas et induisant une résistance à l’insuline → diabète. Chez Durand, une modulation négative de l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien, favorisant l’hypothyroïdie auto-immune. Cette variabilité s’explique par : La prédisposition génétique, notamment les gènes du système immunitaire. L’état du système endocrinien. Les expositions environnementales et le vécu individuel. Peut-on classer les dysbioses ? Oui, et plusieurs classifications ont été proposées, notamment : Inflammatoire vs non inflammatoire Associée à des pathologies métaboliques (diabète, obésité) vs à des pathologies auto-immunes (thyroïdite, lupus, endométriose) Prédominante dans l’intestin grêle (SIBO) vs dans le côlon Liée à une perte de diversité vs à une surcroissance bactérienne L’objectif est de mieux comprendre les mécanismes spécifiques pour proposer un traitement personnalisé (prébiotiques ciblés, probiotiques spécifiques, régimes adaptés). La dysbiose est un facteur clé mais elle n’est pas uniforme. Sa nature, sa localisation, le profil métabolique de ses bactéries, ainsi que le terrain génétique et épigénétique du patient expliquent pourquoi deux personnes avec dysbiose peuvent développer des maladies très différentes. Comprendre cette complexité est essentiel pour une médecine intégrale, personnalisée et efficace.
INFLAMMASOME TRIGLYCERIDES ET ATHEROSCLEROSE
Accueil MÉDECINE INTÉGRALE INFLAMMASOME TRIGLYCERIDES ET ATHEROSCLEROSE INFLAMMASOME TRIGLYCERIDES ET ATHEROSCLEROSE Il existe en effet un lien direct et multifactoriel entre l’activation de l’inflammasome, l’élévation des triglycérides sanguins et le développement de l’athérosclérose : Triglycérides élevés et activation de l’inflammasome Triglycérides et lipoprotéines riches en triglycérides (VLDL, chylomicrons résiduels) en excès sont reconnus comme des signaux de danger par les cellules endothéliales et les macrophages. Ces lipides stimulent l’inflammasome NLRP1 et/ou NLRP3, conduisant à la maturation et la libération des cytokines pro-inflammatoires IL-1β et IL-18. Inflammasome et physiopathologie de l’athérosclérose NLRP3 est le plus étudié dans l’athérosclérose : il est activé par des stimuli lipidiques (Lipoprotéines oxydées, cristaux de cholestérol) et par des dérèglements métaboliques (hyperglycémie, excès de triglycérides) (PMC, JLR). Une fois activé, NLRP3 induit l’activation de la caspase-1 et la sécrétion d’IL-1β/IL-18, renforçant l’inflammation de la paroi artérielle, favorisant : La formation de cellules spumeuses (macrophages chargés de lipides) La prolifération du muscle lisse vasculaire Le recrutement de nouvelles cellules inflammatoires Rôle central des triglycérides Les triglycérides élevés ne sont pas qu’un simple marqueur : ils produisent des triglycéride-Rich lipoprotéines (TRL) et des acides gras libres qui : Amplifient le stress oxydatif Perturbent la fonction endothéliale Servent de ligands pour les inflammasomes (JACC). En réduisant les triglycérides (diète, fibrates, oméga-3…), on atténue à la fois la charge lipidique artérielle et l’activation de l’inflammasome. Une hypertriglycéridémie chronique favorise l’activation de l’inflammasome NLRP3/NLRP1, ce qui intensifie l’inflammation artérielle et accélère la constitution des plaques d’athérome. Agir simultanément sur la réduction des triglycérides et la modulation de l’inflammasome (par exemple via des diètes anti-inflammatoires, des prébiotiques/probiotiques ou des inhibiteurs ciblés) représente une stratégie intégrale prometteuse pour prévenir et traiter l’athérosclérose.
L’inflammasome : l’usine invisible de l’inflammation chronique
Accueil MÉDECINE INTÉGRALE L’inflammasome : l’usine invisible de l’inflammation chronique L’inflammasome Dans la plupart des maladies chroniques que j’observe au quotidien — douleurs inexpliquées, fatigue persistante, obésité résistante, endométriose récidivante — il y a une cause commune qui reste largement ignorée par la médecine conventionnelle : une inflammation silencieuse, présente en arrière-plan, non détectée par les examens classiques, mais destructrice à long terme. Cette inflammation n’est pas vague. Elle est orchestrée par une structure moléculaire précise : l’inflammasome. Encore inconnu du grand public, l’inflammasome NLRP3 est l’une des découvertes majeures des 20 dernières années en immunologie. Il agit comme un détecteur de danger cellulaire, un système d’alarme intracellulaire. Lorsqu’il s’active, il produit une cascade de signaux inflammatoires puissants — parfois nécessaires, souvent dévastateurs quand ils deviennent chroniques. Comprendre l’inflammasome, c’est comprendre pourquoi le corps “s’enflamme”, sans infection, sans traumatisme, parfois sans cause apparente. Et c’est, surtout, ouvrir une voie thérapeutique non médicamenteuse mais physiologique : celle de la réparation du terrain. Le diabète de type 2 se caractérise par une hyperglycémie chronique, causée par une résistance à l’insuline et un dysfonctionnement cellulaire. L’obésité est associée à une inflammation chronique de bas grade, dont les mécanismes restent partiellement compris. Un élément clé de cette inflammation est l’activation de l’inflammasome NLRP3 en réponse à des signaux de danger, comme les acides gras saturés. Cela entraîne la production d’interleukine-1 par les macrophages, qui infiltrent les tissus sensibles à l’insuline et les îlots pancréatiques, aggravant le diabète. En cause, la composition du microbiote intestinal qui est altéré chez les personnes obèses et non chez les individus maigres, notamment en réaction à un régime riche en graisses saturées. Ces altérations jouent un rôle dans l’inflammation chronique et le développement du diabète de type 2. Ainsi, le microbiote intestinal va devenir une cible thérapeutique pour prévenir et gérer les troubles métaboliques liés à l’obésité, mais aussi l’endometriose et bien d’autres maladies chroniques.